Etablir la voilure, c'était très dur. Et prendre des ris, c'était difficile. Les guis (bômes) à rouleau, c'était mieux. Quand l'homme de barre déjeunait, le mousse prenait la barre. Ce n'était pas simple. Le plus dur, c'était de faire route avec le foc ballon établi sur tangon. C'était comme un spi ! Le tangon n'était pas amarré. Avec un peu de vent, il pouvait tomber sur la lisse. Ce n'était pas facile de naviguer vent arrière. On mettait l'un des mousses à la barre et "allez, apprends !". Et quand les voiles claquaient (fasseyaient), les vieux râlaient : "Qu'est ce que tu fais ? tu dors !". Ils savaient ! Mà, on a appris à vivre ! Ils nous donnaient beaucoup de responsabilités. Par beau temps, tout le monde pouvait dormir, sauf l'homme de quart... et le mousse (dispensé de quart de nuit). Le matin, c'était au mousse, premier levé, de préparer le café, de servir à table et de réveiller l'équipage. La veille, il avait dû saler deux tranches de thon cru, piqué à l'ail et poivré, pour servir avec le café. et avec le gars qui était de quart, il aidait à mettre les lignes à l'eau. Et le soir, quand on commençait à ramasser les lignes, fallait suiffer les hameçons, pour qu'ils ne rouillent pas.

"On étripait le poisson avec un couteau à bout rond, pour ôter les ouïes et gratter le sang, puis on le rinçait, à la traîne. Quand il était propre, on le mettait en pendant, sous les bois, les queues amarrées avec du fil de ligne. Au bout de trois jours, quand il était sec, on le mettait en chambre froide, dans la cale."

Extrait de "Biche, dernier thonier dundée de Groix"

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