Maintenant la tendance s’est inversée avec l’arrivée de la série de nouveaux chalutiers polyvalents.
« Nous avons désormais une année complète d’exploitation derrière nous avec les trois premiers nouveaux navires, Rose de Cascia, Marmouset 3 et La Trinité, qui ont travaillé bien mieux que ce que nous avions prévu, se félicite-t-il.
José Leprêtre sur Rose de Cascia a pêché presque exclusivement à la senne, alors que les autres ont alterné entre la senne et le chalut. Ce sont les bons navires, flexibles et polyvalents, capables de travailler au chalut de fond, au pélagique et à la senne. Cette conception est un excellent compromis et c’est plus rentable. »
Le nouveau Mercator pour Sébastien et Guillaume Leprêtre est le quatrième des nouveaux chalutiers-senneurs et le premier d’une seconde vague. Il sera suivi au printemps par Manureva puis par un nouveau chalutier-coquillier de 16 mètres en 2020. Mais ils ne seront sans doute pas les derniers de la série car la CME en prévoit déjà d’autres.
« Nous espérons qu’il en arrivera d’autres. Il nous faut renouveller plus de tonnage, explique-t-il. Il y a des pêcheurs qui veulent remplacer leur navire et des jeunes qui cherchent à s’installer. C’est encourageant de voir que sur six des nouveaux navires, deux ont de jeunes patrons de moins trente ans ; le Marmouset 3 d’Olivier Leprêtre est en partie commandé par son neveu Pierre et Emmanuel Pauchet, qui attend la livraison du nouveau Manureva, travaille avec Maxime Fait, un jeune patron. »
La décision de construire de nouveaux navires a été prise il y a quelques années avec la création d’une nouvelle entreprise associant la CME, l’armement Scapêche (société du groupe Les Mousquetaires) et l’armement boulonnais Le Garrec. La Scopale a fait l’acquisition de navires auprès de patrons cherchant à se retirer, disposant ainsi des navires et des droits à produire pouvant être transférés sur de nouvelles constructions et conservant ensuite une majorité des parts dans les nouvelles entreprises afin de s’assurer que les quotas restent bien à Boulogne.
« A ce jour nous avons deux licences prêtes à servir » déclare Éric Gosselin.
Cela aurait été la fin de la pêche artisanale à Boulogne si nous n’avions pas fait cela. Boulogne a perdu vingt de ses chalutiers de 20 à 25 mètres au cours des six dernières années, plus je ne sais combien de navires plus petits. »
La pression est là, dans les eaux traditionnellement pêchées par la flotte boulonnaise, et le sentiment c’est qu’il y a trop d’activité sur cet étroit plan d’eau entre la France et l’Angleterre.
« Il y a les chalutiers pélagiques qui pêchent le hareng et le maquereau, les chalutiers de fond, les coquilliers et les senneurs. C’est trop pour La Manche, déplore-t-il, ajoutant que des actions sont en cours pour limiter le nombre de senneurs travaillant en Manche.
À l'heure actuelle, la flotte belge utilise toutes les licences disponibles pour la senne et il y a 24 licences néerlandaises.
Mais c’est une décision néerlandaise, précise-t-il. D’autres senneurs viennent mais ils sont sous pavillon britannique. Nous voulons que l’Union Européenne détermine le nombre de senneurs autorisés à pêcher dans La Manche. Il y avait déjà des problèmes d’espace dans La Manche et maintenant il y a le sujet de la pêche électrique. Si elle s’arrête, nous nous attendons à ce que toute la flotte néerlandaise veuille pêcher à la senne dans La Manche. »