Selon Robert de Loture, le germon, ou thon blanc (thunnus alalunga) dépasse rarement un mètre de longueur et la trentaine de kilos. Mais dans leur majorité, les individus les plus pêchés pèsent de 5 à 10 kilos. Très racé, ce grand voyageur accomplit de longues migrations saisonnières qui le ramènent chaque année dans les mêmes parages à des époques identiques. Présents en Atlantique comme en Méditerranée, les thons constituent, contrairement à des hypothèses anciennes, des populations distinctes et le franchissement du détroit de Gibraltar par des individus de l'une ou l'autre des populations est très occasionnel. Les déplacements, qui ont lieu à l'époque de la reproduction, sont liés à la recherche de conditions optima de température et de salinité des eaux. Selon les saisons, et dans dans une certaine mesure les conditions atmosphériques, les thons se tiennent soit en surface, soit à des profondeurs variables, plus ou moins actifs.

En Atlantique, la concentration pour la ponte se produit au cours de l'hiver dans les parages de Madère et des Canaries. La ponte accomplie, la migration de dispersion débute à la fin de cette saison. A partir de ce moment jusqu'au retour sur les lieux de pêche, les déplacements du germon s'effectuent dans la limite des eaux dont la température, jusqu'à 50 mètres de profondeur, est supérieure à 14°C. Vers le printemps, on trouve le germon au large du Maroc et de l'Espagne où il se pêche dans des eaux voisines de 18 à 20°C.

Apparaissant en mai au large du Portugal, sensible à la température de l'eau, il suit le réchauffement des eaux du Gulf Stream. A la fin mai, les banbs, doublant le Cap Finisterre pénètrent dans le Golfe de Gascogne, en gagnent d'abord le fond, puis s'y répandent sur l'ensemble en juin et juillet. Et le poisson remonte vers le Nord, jusqu'à atteindre au début septembre, le sud-ouest de l'Irlande. La saison de pêche s'achève généralement à la fin de cette période, le germon ayant atteint la limite des eaux à la température requise. La phase de migration dite de dispersion étant achevée, le poisson entame le voyage retour en profondeur vers les eaux tropicales, au cours duquel les bancs se reforment en se dirigeant vers les lieux de ponte, phase de migration dite de concentration.

(D'après Robert de Loture in Les Pêches maritimes modernes, Sté d'éditions maritimes et coloniales, 1946).

Extrait de Biche, dernier thonier dundée de Groix