« Mais 2018 a été une bonne année pour tout le monde, à l’exception des fileyeurs qui comptent sur la sole et luttent toujours pour leur survie. Les chalutiers, senneurs et coquilliers ont tous bien travaillé, même si le début d’année a été difficile, » confie-t-il
« La météo a été rude et c’était la première fois que je voyais l’ensemble de la flotte immobilisée une semaine entière à cause du mauvais temps. »
Il ajoute que la période est plus calme en ce qui concerne la pêche pour la flotte boulonnaise et que la plupart des refontes et des travaux de peinture ce font à ce moment.
Le dernier navire à rejoindre la flotte de la CME a été livré : le nouveau Manureva d’Emmanuel Pauchet est le dernier d’une série de cinq chalutiers-senneurs polyvalents construits chez Padmos et MIM pour la Scopale qui associe la CME à plusieurs autres sociétés dans le but de maintenir la pêche à Boulogne.
Scopale a un autre navire en cours, un chalutier-coquillier de 16 mètres en construction au chantier local Socarenam qui sera livré fin 2019.
Les nouveaux chalutiers-senneurs ont bien travaillé d’après Eric Gosselin, avec différent modes d’exploitation, en fonction des choix des patrons.
« Ce sont des navires plus petits et très sophistiqués avec beaucoup de technologie à bord. Il a donc fallu une période d’apprentissage pour commencer. 2018 est la première année complète d’exploitation pour les trois premiers de ces navires de pêche et financièrement, tout s’additionne, » rapporte-t-il.
« Ils sont plus polyvalents, avec trois métiers et se sont montrés très économes en carburant. »
Le Brexit frein au progrès
Il accuse les incertitudes liées au Brexit d’être un frein à de nouveaux investissements, quiconque cherchant à investir attendant de savoir quelle en sera l’issue.
« Je suis un optimiste, » affirme Eric Gosselin. « Même en cas de No Deal, il y aura des accords. Mais combien de temps cela va prendre ? C’est cela l’inquiétude – Combien de temps faudra-t-il avant d’y arriver ? » s’interroge-t-il, ajoutant que Scopale dispose actuellement de droits et de quotas pour un navire supplémentaire et qu’il y a de l’intérêt. Mais on attend de voir de quel côté le vent du Brexit va souffler.
« C’est encourageant qu’il y ait encore des gens qui veuillent rejoindre le secteur. Pour celui-ci, nous pourrions envisager le même type de navire, en fonction du Brexit, ou bien cela pourrait devenir un plus petit chalutier-coquillier. »
Il explique que la Manche Est est une étendue d’eau très encombrée, notamment en hiver quand les senneurs hollandais sont en activité, et cela a pu générer des tensions par le passé.
« On essaye d’apaiser les relations avec les hollandais mais l’introduction de capitaux hollandais dans la flotte boulonnaise crée quelques tensions, confie-t-il, précisant que l’un des chalutiers boulonnais appartient aujourd’hui à la société Urk.
« Ce n’est pas à proprement parlé amical, mais nous sommes courtois, » concède Eric Gosselin. « Nous devons nous parler, car nous pêchons dans les mêmes eaux. Il peut y avoir des disputes à travers la VHF mais nous devons encore être capables de nous asseoir autour d’une table et nous parler. »
Il soutient que la décision concernant le chalutage électrique pourrait être lourde de conséquences et reste très attentif à l’évolution de la situation.
« Que feront-ils et où ira cet effort de pêche ? L’espace est limité en Manche et il nous faut respecter le fait qu’elle soit désormais au complet. Il n’y a ni la place, ni la ressource pour un effort de pêche supplémentaire, » martèle-t-il.
« C’est un lieu très fréquenté. On peut voir l’Angleterre d’ici et c’est aussi là que viennent pêcher les grands chalutiers pélagiques à certaines périodes de l’année. De grand coquilliers écossais et irlandais pêchent aussi ici, ainsi que les fileyeurs, les senneurs et les chalutiers qui essayent de gagner leur vie sur cette petite étendue d’eau. »