France – CNPMEM

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En attendant la fumée blanche

Même si ce n’est pas dit explicitement, aucun doute sur la frustration qui se fait sentir. Le Brexit a été un long processus et alors qu’on approche de la fin (ou le début, selon votre point de vue), tout reste incertain.

Quentin Bates

« Nous attendons que quelque chose se produise », soupire Hubert Carré, directeur général du CNPMEM, l’organe de représentation de la pêche française, juste au moment où un accord sur le Brexit semblait sur la table et sur le point de progresser avec le Parlement britannique.

« Nous avons beaucoup regardé la BBC et le Parlement britannique. Nous espérons un dénouement heureux, même si tout accord devra encore être approuvé. »

The potential loss of access to UK waters will affect the French fishing sector as a whole / La perte potentielle de l’accès aux eaux britanniques affectera l’ensemble du secteur français de la pêche

Il dénonce un processus, depuis le référendum de 2016, particulièrement stressant et désagréable et ajoute que l’absence de visibilité à long terme est totalement incompatible avec les besoins de la filière pêche dans son ensemble, pas seulement ceux de la flotte française.

Brexit has been a stressful and unpleasant process, according to CNPMEM director general Hubert Carre / Le Brexit a été un processus stressant et désagréable, selon le directeur général du CNPMEM, Hubert Carre

« Cela concerne toute la pêche française, depuis les fileyeurs de moins de 12 mètres à Dunkerque et dans la région Nord Pas de Calais jusqu’à la Bretagne et aux Pays de la Loire. C’est donc toute la flotte qui est touchée », déclare-t-il.

« C’est très compliqué pour le secteur de vivre et de travailler dans ces conditions ; les gens ont différé l’investissement dans les navires, le matériel et les installations à terre car ils n’ont aucune certitude sur ce que l’avenir leur réserve.

Ces dernières années, le secteur de la pêche se portait bien, avec des prix corrects pour le poisson et des coûts raisonnables sur le carburant raisonnables. Mais le Brexit a mis fin à cela. Depuis, les sentiments qui dominent sont l’inquiétude et la frustration. Difficile de renouveler la flotte et de continuer à attirer de nouvelles recrues dans ces conditions. »

Hubert Carre souligne que l’ensemble du secteur européen de la pêche est opposé aux demandes du Royaume-Uni selon lesquelles l’accès aux zones de pêche et l’accès aux marchés devaient être traités séparément, et les négociateurs de l’UE sont globalement d’accord avec cette position.

« On ne peut pas séparer les secteurs économiques de la sorte ; c’est bien plus qu’un simple échange droit de pêche contre accès aux marchés. C’est beaucoup plus important que cela », soutient-il.

The uncertainty around Brexit has made it difficult to investment and to attract newcomers to fishing / L’incertitude autour du Brexit a rendu difficile l’investissement et l’attraction de nouveaux arrivants à la pêche

Le CNPMEM fait partie de l’UEFA, l’alliance rapidement constituée à la suite du référendum sur le Brexit par les organisations de pêche des pays européens impactés.

« Il était important pour nous d’avoir un mouvement européen pour être sur la même longueur d’ondes et l’EUFA a été très efficace. Nous nous connaissions déjà tous au travers des groupes de travail du conseil consultatif, il a donc été facile de nous réunir.

« Le Brexit est très compliqué mais nous sommes très unis », assure-t-il, ajoutant que la dernière fois que le secteur s’est fédéré pour présenter un tel front uni, c’était en réponse à la question de la pêche en eaux profondes il y a quelques années.

CNPMEM is one of the national fishing organisations behind EUFA / Le CNPMEM est l’une des organisations nationales de pêche derrière l’EUFA

« Il est également important pour M. Barnier de voir que le secteur européen de la pêche est uni et d’avoir un organe qui soit un interlocuteur unique plutôt que d’avoir à consulter plusieurs organisations professionnelles dans différents pays. D’autres secteurs économiques n’ont pas réussi à atteindre ce niveau d’unité », souligne-t-il.

There is little real appetite for a Frexit

« Nous avons eu de bonnes relations avec le secteur de la pêche du Royaume-Uni et nous partageons la responsabilité de gérer les ressources marines », rappelle-t-il, précisant que même en cas de Brexit dur, nous aurons toujours l’obligation légale de maintenir une gestion responsable.

« Il faudra quand même continuer à discuter pour gérer durablement les pêcheries. Nous avons la responsabilité mondiale d’assurer une pêche responsable et une consommation responsable. »

« Un Frexit ? Oui et non… » déclare Hubert Carre. « Il y a des pêcheurs qui sont en colère et insatisfaits de la ​Politique commune de la pêche et il y a eu des réflexions sur un Frexit. Mais maintenant qu’ils ont vu le chaos au Royaume-Uni, ils préfèrent y rester », assure-t-il.

« Alors on patiente en regardant la BBC, en attendant la fumée blanche. »